Éducation sexuelle

Les diverses expériences sensorielles et corporelles des premières années influent sur le bien-être de l’enfant et se répercutent jusqu’à l’âge adulte. Dès la petite enfance, il est possible de poser des bases saines pour la vie sexuelle ultérieure de l’enfant en faisant en sorte qu’il vive son corps dès le début comme digne d’être aimé et protégé.

Thèmes, règles et questions

  • Ressentir son corps

    Le développement sexuel des enfants est marqué par des vécus et des expériences qui ne sont pas sexuels au sens strict. La sexualité n'est pas un élément isolé, elle est étroitement reliée au développement physique et psychique dans son entier. L’éducation sexuelle constitue une tâche importante des responsables de l’éducation. Elle ne consiste pas en une information donnée en une seule fois, mais en un processus continu qui débute dans la petite enfance. Il se poursuit dans de nombreuses situations de la vie de tous les jours et par de multiples réactions non verbales. Trouver le langage pour parler de la sexualité peut se révéler un réel défi, souvent accompagné d’incertitudes, d’anxiété ou de gêne.

  • Naturel et plaisir

    Les enfants apprennent beaucoup sur le corps, l’amour et la sexualité en observant leurs personnes de référence. Les parents sont des modèles – même dans les questions de sexualité. Cela se manifeste dans leur manière de vivre la nudité et la pudeur, les soins apportés au corps, la manière dont ils se touchent et montrent du plaisir, les limites qu’ils mettent et la façon dont ils échangent sensualité et tendresse. Cela est bénéfique pour tous lorsque les parents montrent à leurs enfants que le corps et la sexualité sont des choses belles, positives et naturelles.

  • Explorer son corps

    Les petits enfants ont un besoin inné de contact physique et de tendresse. Tout ce qui donne à l’enfant un sentiment de confiance, de sécurité et de protection favorise son développement global. Il expérimente ces sentiments par exemple lors de l’allaitement ou du bain, par les caresses ou lorsqu’il est pris dans les bras. Ou encore lorsqu’il peut, de temps à autre, avoir le plaisir de se promener nu, sans ses couches. Durant sa première année déjà, l’enfant commence à explorer son corps et touche également ses organes génitaux.

  • Découvrir le plaisir

    Un petit enfant veut explorer son propre corps et découvrir ainsi les endroits où les caresses sont particulièrement agréables, là où cela chatouille et ce qui lui fait du bien. Par une attitude positive, les parents peuvent lui faire comprendre qu’ils approuvent sa curiosité dans ce domaine-là aussi. L’autostimulation génitale est une expérience forte qui a une autre qualité que celle des adultes qui, par la masturbation, cherchent un orgasme. Les enfants se touchent avant de s’endormir, pour se calmer ou simplement parce que cela leur fait du bien. Bon nombre d’adultes se sentent mal à l’aise dans ces moments, car lorsqu’ils étaient enfants, ils ont peut-être expérimenté une attitude négative à cet égard par des mots, des expressions du visage ou des gestes désapprobateurs. Pourtant, se toucher et se caresser avec amour est quelque chose de beau et de tout à fait naturel. Cela apporte un bienfait qui dépasse le seul bien-être physique. Il y a lieu de placer des limites lorsque cela survient en public. Il faut attirer l'attention de l’enfant sur le fait que jouer avec ses organes génitaux ne se fait pas hors du cercle familial, car cela pourrait gêner certaines personnes. Cette mise en garde peut lui apprendre à respecter ses propres limites et celles des autres dans le domaine corporel et sexuel. On peut lui expliquer que la sexualité est quelque chose de privé que l’on ne partage pas avec tout le monde.

  • Les règles confèrent de la sécurité
    L’envie des enfants de découvrir mutuellement leurs corps est une manifestation de leur curiosité. Ils veulent voir et explorer les différences. Cela fait partie du développement normal des filles comme des garçons. Les adultes ressentent parfois un certain malaise ou sont inquiets lorsqu’ils découvrent ces jeux, en particulier si eux-mêmes, lorsqu’ils étaient enfants, ont reçu le message que tout ce qui concerne les organes sexuels est interdit et «sale».
    De nombreux parents se demandent comment réagir en pareille situation.
    Les règles suivantes peuvent les rassurer, sachant qu’il s’agit aussi de s'accorder avec les parents des autres enfants sur ce qui est admis dans chaque famille ...
  • Règles lorsque l’on «joue au docteur»
    • Chaque fillette, chaque petit garçon détermine personnellement avec qui elle/il veut jouer au docteur.
    • Les filles et les garçons se caressent et explorent mutuellement leurs corps uniquement jusqu’au point où cela reste agréable pour eux et les autre enfants.
    • Personne n'est autorisé à faire mal à un autre enfant.
    • Personne n'est autorisé à mettre quoi que ce soit dans l’anus, le vagin, le pénis, le nez ou les oreilles d’un autre enfant.
    • Les enfants plus grands, les adolescents et les adultes n’ont pas à participer à des jeux corporels avec des enfants.
    • Demander de l’aide n'est pas «rapporter » !
    Références

    Source : Enders, Ursula; Wolters, Dorothee (2009) «Wir können was, was ihr nicht könnt». Un livre d’images sur la tendresse et les jeux de docteur. Köln: Mebes & Noack

  • Protéger contre le dépassement des limites

    Les personnes de référence doivent veiller à ce que ces règles soient respectées. Il est important de protéger les enfants contre les agissements dépassant les limites, perpétrés par d'autres enfants ou par des adultes. Certains parents imposent toutefois des interdits non appropriés, p. ex. en disant à leurs enfants de n’embrasser personne qui ne soit pas de la famille ou de ne jamais se montrer nus. Ils le font par crainte qu’il arrive quelque chose à leur enfant. De telles restrictions ne sont pas forcément adaptées et empêchent des expériences importantes.

  • Jeux corporels

    Les jeux corporels sont importants pour découvrir et toucher les autres enfants. Ils leur permettent de faire des expériences importantes. Qu’est-ce qui est agréable pour moi ? Comment est-ce que je sais qu’un toucher fait du bien, est trop ferme, chatouille ou dépasse les limites de ma sphère intime ?
    La sensualité, les expériences corporelles et les besoins de proximité et de tendresse nécessitent des canaux pour se développer.

  • Corps et langage

    Pour connaître le corps, il faut un langage et des mots. Tout comme il est évident de nommer les oreilles, le nez ou les coudes, il est important d’avoir des termes pour désigner les organes sexuels. Il est essentiel que les enfants aient des mots pour le corps entier des filles et des garçons. Il appartient aux parents de décider s’ils utiliseront des termes tels que pénis et vulve ou s’ils opteront pour des mots d'enfants comme zizi ou zézette. Ce qui compte, c'est qu’ils soient à l’aise avec les désignations choisies.

  • Répondre tout de suite aux questions
    Les enfants posent beaucoup de questions, sans gêne et à toute occasion, parfois dans les situations les plus embarrassantes pour les adultes. Très tôt déjà, certains veulent savoir très précisément d’où viennent les bébés ou à quoi servent les tampons qu’ils ont vus dans la salle de bains. Les questions d’enfants auxquels on ne répond pas laissent le champ libre à des angoisses ou des représentations inquiétantes. Les enfants ne doivent (et ne veulent) pas tout savoir dans le détail. Mais ils ne veulent pas non plus qu’on leur dise «tu comprendras plus tard» ou qu’on leur serve des explications peu claires.
     
    Exemples de réponses à un enfant d’environ 4 ans :
    • Les bébés grandissent dans le ventre de leur maman. Toi aussi tu as grandi dans mon ventre, jusqu’à ce que tu sois assez grand/grande pour sortir de mon ventre.
    • Un tampon, c'est de la ouate compressée qu’une femme met dans son vagin. Elle en a besoin, parce que certains jours, du sang sort de son ventre. Elle met cette ouate pour que le sang n'arrive pas dans ses culottes. Parfois, la femme a un peu mal au ventre, mais ce n'est pas grave et ça ne dure pas très longtemps.
    • Un préservatif est comme une petite poche en plastique que l’homme peut mettre par-dessus son pénis.
    Généralement, les enfants se contentent de réponses courtes, simples et compréhensibles. Et sont encouragés à poser d’autres questions plus tard s’ils sentent leurs personnes de référence ouvertes et prêtes au dialogue.

    Les petits enfants sont curieux, la plupart apprécient de regarder des livres d’images avec leurs personnes de référence. Il serait dommage de ne pas profiter de ces moments. Car plus tard, à la puberté, les enfants sont plus gênés et moins ouverts à parler de leur corps et de sexualité avec leurs parents. Il y a aussi des enfants qui ne posent pas de questions.

    Avec eux, il peut être bon de créer volontairement des occasions. Exemples :
    • si une femme dans le voisinage est enceinte, parler de grossesse
    • à l’anniversaire de l’enfant, lui raconter comment ses parents (ses grands-parents) ont vécu le jour de sa naissance
    • un couple homosexuel emménage dans l’appartement voisin: attirer l'attention sur la diversité et les différentes formes possibles de vie commune
  • Livres d’images

    Les livres d’images sont de bonnes manières d’aborder le thème de la sexualité. Si l’enfant fait comprendre que le sujet ne l’intéresse pas, il faut montrer du tact et respecter ses besoins. Ce n’est peut-être pas le bon moment pour lui, et il est important d’en tenir compte - quitte à réessayer à une autre occasion.

  • Mères, pères

    Des études montrent que ce sont souvent les mères qui parlent du corps avec leur enfant. Les filles comme les garçons apprécient d'avoir l'attention de leurs deux parents. Dans l’idéal, les parents discutent ensemble des étapes de développement de leur enfant et de ce qu’il a besoin de savoir. Ils peuvent se partager les différents aspects de l’éducation sexuelle. Les pères auront par exemple plus de facilité à expliquer à leur garçon comment laver et soigner son corps et son pénis. La mère en revanche saura mieux expliquer les menstruations.

  • Rythmes d’évolution différents

    Chaque enfant évolue à son rythme et a ses particularités. Il est bon que les parents reconnaissent ces différences et qu’ils restent détendus et confiants si leur enfant prend plus de temps qu’un autre pour une étape de développement, ou qu’il est au contraire plus rapide et plus précoce que le voisin. Si cela suscite des tensions ou des inquiétudes, il est possible de s’adresser à des personnes de confiance ou des spécialistes de l’enfance qui aideront à évaluer la situation.

  • Prévention de la violence sexuelle
    Les enfants ont besoin de protection. Si d’autres personnes exploitent la curiosité des enfants pour satisfaire leurs propres besoins et que, par là, elles violent l’intégrité physique de l’enfant, il s’agit d’une forme de violence sexuelle. La protection des enfants entre toujours dans la sphère de responsabilité de leurs personnes de référence. Une éducation qui aborde les questions relatives à la sexualité apporte une contribution importante à la prévention des abus sexuels. Les enfants qui connaissent leur corps et qui ont des mots pour exprimer leurs sentiments et parler de leur corps sont davantage en mesure de repousser des gestes non souhaités.
  • Vous craignez que votre enfant ait vécu une expérience sexuelle traumatisante ?

    Le groupe de protection de l’enfance est un service interdisciplinaire d’information et de conseil spécialisé dans la protection de l'enfance, rattaché à la clinique de pédiatrie. Son équipe se compose de spécialistes en psychiatrie de l’enfant et de l'adolescent, médecine, psychologie et travail social. À la disposition des particuliers comme des personnes travaillant auprès d’enfants, elle peut être sollicitée en cas de suspicion de maltraitance.

  • Vous souhaitez une consultation sur l’éducation sexuelle de votre enfant ?
    N’hésitez pas à contacter le service d’éducation sexuelle de Santé bernoise, par téléphone ou par e-mail (via le site Internet).
     
    Téléphone 031 370 70 80
    Du lundi au vendredi, de 8h00 à 12h00 et de 13h30 à 17h00.